Dans le billet précédent, nous avions vu qu’il existe une Culture de l’Amour, qu’elle est très encouragée par la société (notamment à travers de la musique, du cinéma et de la littérature), et qu’elle provoque pas mal de dégâts parmi les personnes qui suivent cette culture (entre autres: harcèlement, viol, suicide).
On peut clairement affirmer que la Culture de l’Amour est un gros obstacle au bonheur, et qu’on ne peut vivre une vie heureuse si on sort pas de ce schéma culturel. Allons voir comment faire.
En premier lieu, éliminons l’idée que, sans l’amour, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. On substitue à cela l’idée que notre vie est déjà bien remplie et pleine de sens, même quand on est célibataire. Rappelez-vous, nous sommes des trains, et nous marchons à pleine vitesse vers notre destination.
En deuxième lieu, éliminons l’idée que l’amour arrive quand on l’attend pas. Au lieu d’attendre que l’amour arrive, on booste la recherche de l’âme sœur. On prépare un profil sur les réseaux sociaux et les sites de rencontre, on envoie des messages à des gens proches de nous, on fait marcher notre réseau, pour avoir le plus grand nombre de premiers rendez-vous. Rappelez-vous que, pour commencer une nouvelle relation, il faut contacter environ 300 personnes.
En troisième lieu, remettons la sensation amoureuse à sa juste place. Une fois que vous aurez commencé à contacter les 300 personnes qu’il faut pour trouver une nouvelle relation, il se peut que vous développiez une sensation amoureuse pour quelques unes d’entre elles. Vous savez: cette sensation de papillons dans l’estomac, l’envie d’être tout le temps avec elle, le sens de manque dès qu’elle n’est pas là. Accordez-vous le droit de sentir cette sensation, mais n’agissez pas en conséquence: continuez à contacter des personnes, à prendre des rendez-vous romantiques, à séduire et à vous faire séduire. À un certain moment cette sensation commencera à devenir partie de votre quotidien, au même titre que la sensation de froid, de chaud, de faim et l’envie de faire pipi.
Ensuite, transformons le sexe en une activité, à faire tous seuls, à deux ou à plusieurs. Le sexe est une manière de se donner plaisir réciproquement: apprenons à faire l’amour, et ne nous privons pas d’occasions pour donner et recevoir du plaisir sexuel. L’important est que tout le monde soit majeur et consentant, et qu’on prenne les nécessaires précautions contre les maladies et les grossesses non désirées.
Et pour finir, construisons nos relations stables et faisons une famille sur la base de l’amitié. Vous avez une (ou plusieurs) personnes avec qui vous entendez bien, avec qui vous avez une bonne entente au niveau sexuel, et des styles de vie compatibles. Ce sont les conditions idéales pour avoir des relations stables, et une vie de famille qui pourra durer pour plusieurs années.
Pour aller plus loin sur ce sujet, dans le prochain billet vous trouverez quelques exercices pratiques pour sortir de la culture de l’amour.
mhm… je trouve ça marrant, tu presentes la chose comme une vérité établie, la « culture de l’Amour » c’est pas bon, et la rationnalisation des relation est bien. Un peu trop binaire si on tient compte des idiosynchraties des humains terrestres.
Cependant je suis assez d’accord à partir d’une réléxion qui vient de mon vécu. Chaque fois qu’on rencontre qqun qui nous donne les papillons au ventre, on se dit que c’est magique, que c’est le destin, qu’il y a un sens supérieur ou profond caché qui va au delà de notre entendement et blabla. Au fonds c’est très romantique de penser ainsi. Mais c’est du peut être à un mix particulier de particules type phérormones ou autre qu’on n’a pas encore détecté et également à toutes nos représentations subconscientes de ce que nous voudrions être/avoir été/voir dans l’autre/que l’Autre voie en nous etc etc. La réalité des relations est complexe et on s’appuie sur cette idée romantique de l’Amour pour tenter de donner un sense à tout ça (ce du point de vue de l’individu), mais cette culture de l’Amour comme tu l’appelle finit par fonctionner comme la plus-part des religions, c’est à dire comme un instrument de pouvoir pour induire des comportements. Encore faudrait-il comprendre dans quel but, quel objectif sert-elle cette culture de l’Amour au sens de la collectivité.
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Exactement!
Mon point de vue est que l’Amour est une sensation comme une autre: quelque chose de chimique qui se passe dans notre corps lors qu’on voit un partenaire potentiel.
La société (je ne connais pas le but de cela) a pris cette sensation et l’a transformée en une espèce de divinité, qu’il faut suivre à tout prix. On est amoureux de quelqu’un? Alors il faut faire tout ce qu’on peut pour être avec l’être aimé? On a épousé une personne, on a fait 4 enfant avec, on a pris un emprunt bancaire avec cette personne, et un matin on se réveille et l’Amour n’est plus là? Tant pis, on quitte cette personne, on casse la famille, on dissout l’emprunt bancaire et on part chercher l’amour ailleurs!
Donc, pourquoi je dis (sans laisser aucune place au doute) qu’il faut sortir de la Culture de l’Amour?
C’est parce que l’Amour est un des plus gros obstacles qui se posent entre nous et le bonheur. Au lieu de courir à gauche et à droite en cherchant de suivre l’Amour, nous pourrons par exemple nous dédier à le poursuite du bonheur, et à la recherche du sens de la vie, et à cultiver des relations (y compris de relations passionnelles) avec les gens de notre entourage.
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Je trouve qu’il y a beaucoup de bon sens dans ce post, dans le commentaire et dans la réponse de Marco. Voici une contribution complémentaire:
Le sentiment amoureux évolue entre partenaires. Dans un « vieux couple », la passion a pu se transformer en tendresse. Ce n’est pas parce que l’amour-passion n’est plus là qu’on doit nécessairement tout plaquer. L’amour-tendresse permet de vivre longtemps ensemble, avec une forte complicité et un engagement d’entraide qui devient de plus en plus nécessaire lorsqu’on devient âgé. La manière même de se « faire l’amour » va évoluer, peut-être vers le « slow sex » et la recherche de bien-être physique réciproque plutôt que la recherche de la jouissance (que je n’exclus pas, cependant).
A côté de cela, l’amour-passion, notamment vécu en-dehors du couple principal, avec son mélange de chimie hormonale et phéromonale, mais aussi ses effets mentaux (certes imprégnés des « valeurs » de notre société) me semble souvent être comme un torrent au printemps, comme une énorme force qu’on ne peut endiguer, même lorsqu’on le souhaiterait…
Je pense que si l’on a pas pris la précaution (ce qui, je crois, est très souvent le cas) de clairement définir la place du couple (principal) et la place de la vie privée, personnelle, dans laquelle cette passion hors du couple principal peut être vécue, on est effectivement confronté à bien des peines au lieu de trouver le bonheur. Là, je rejoins le concept de couple à temps partiel.
J’ajouterais que si la position est asymétrique lors de l’amour-passion (un partenaire engagé dans un couple principal et l’autre seul), les déboires peuvent être encore plus importants. Car le partenaire seul a droit aussi à cette assurance, cet engagement, cette entraide qui existe dans le « vieux couple ». Et va revendiquer ce droit à un moment, ce qui me semble juste. Sans avoir préalablement instauré le couple à temps partiel, il me semble quasiment impossible alors d’offrir cet amour-engagement et de créer un second couple à temps partiel avec le partenaire de l’amour-passion. Et, lorsque ça arrive, c’est une situation très pénible à vivre.
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Notre société vit dans le culte de l’amour passion: on nous impose de suivre l’amour, même dans les cas où cela mène les gens à le ruine, et on invoque l’amour comme justification aux pires bêtises.
Au contraire de la pensée dominante, je propose de ne pas écouter les syrènes de l’amour-passion, et d’attendre qu’il se transforme en amour-tendresse avant de changer ce qui ce soit dans la vie.
Après 10 ans de maîtrise de l’amour-passion, j’observe aussi un changement: Une fois qu’on a appris à la mâitriser, la passion amoureuse arrive de manière bien plus légère. La passion amoureuse n’est plus quelque chose de tout-puissant qu’on ne peut pas arrêter, mais ressemble plus à une sensation agréable qu’on peut appeler ou chasser à souhait.
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