Depuis quelques temps, j’ai arrêté de dialoguer.

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Bien sûr, je continue à interagir avec les gens: on parle, on discute, on se chante des chansons d’amour… Ce qui j’ai arrêté c’est juste le dialogue, c’est à dire ce type de communication qui consiste à résoudre les conflits et à arriver à des points de vue communs.

Et, de manière surprenante, mon niveau de bonheur, ainsi que celui de mon entourage, a nettement augmenté depuis que j’ai arrêté de dialoguer.

Donc, voici 3 raisons pour lesquelles j’ai arrêté de dialoguer (et pour lesquelles vous devrez arrêter aussi)

1) Parce que je tiens à garder mes idées, et je tiens à que vous gardiez les vôtres, surtout si elles sont différentes des miennes.

Plus on a d’idées différentes, plus on a des chances que au moins une des idées soit la bonne. Et à décider quelle idée est la bonne ne devrait pas être le dialogue, mais l’application pratique sur le terrain. Je testerai mes idées, vous testerez les vôtres et de temps à autre on échangera sur les résultats. Et chacun de nous aura quelque chose à enseigner aux autres.

(de plus, je me rends compte que j’apprends souvent en débattant, parfois de manière très animée, avec des personnes qui ont des opinions opposées aux miennes)

2) parce que la vie est trop courte pour dialoguer.  

J’ai 38 ans. J’espère pouvoir vivre en bonne santé au moins jusqu’à 65 ans. Cela fait 27 ans pendant lesquels je serai jeune et en bonne santé. Pour chacun de ces 27 ans, il faut enlever les 3 mois d’hiver, puis les journées de pluie pendant les 3 autres saisons… disons que au total, avec le climat d’ici, je peux espérer à avoir environ 90 jours de soleil par année.  90*27 ça fait 2430 journées de soleil dont je pourrai profiter d’ici jusqu’à l’age de 65 ans. Et je ne suis pas prêt à en louper une seule. Si quelqu’un vient me voir pendant une de ces 2430 journées de soleil, pour me convaincre à aller chez IKEA, au cinéma ou dans un autre lieu fermé, je ne céderai pas. Le fait de faire une synthèse entre deux points de vue contrastants jusqu’à arriver à une solution n’a aucune chance d’aboutir face à mon besoin de ne pas louper une des 2430 journées de soleil qui me restent. Si vous voulez aller chez IKEA, au cinéma ou dans un quelconque lieu fermé, ça sera sans moi.

3) parce que le dialogue implique toujours des compromis. 

Finalement, dans un dialogue, chaque partie devra finir pour faire des compromis. Si une partie est plus forte que l’autre, la partie plus faible devra faire beaucoup de compromis, tandis que la partie la plus forte ne changera presque pas son point de vue. Si les deux parties sont à égalité, ils devront faire tous les deux des compromis.

Et les compromis sont l’antithèse du bonheur. On fait des compromis, on se convainc que c’est la bonne chose à faire, et puis, 10, 20, 40 ans plus tard, on regrette. On regrette et on décide de récupérer le temps perdu. On jette aux orties 10, 20, 40 ans de mariage et compromis, on demande le divorce (« Et pourquoi il l’a fait? On vivait très bien et on dialoguait tout le temps! »), on quitte son job, et on se lance dans une vie de fou.

Donc, pour vivre heureux, arrêtez de dialoguer!