Dans le passé, j’ai milité pour différentes causes. J’ai été, à tour de rôle, militant communiste, militant anarchiste, militant écologiste, militant LGBT, militant féministe…
Aujourd’hui, j’ai arrêté. Je reste toujours anarco-écolo-fem-comuniste (et, parfois, assez radical dans mes idées), mais je ne suis plus militant. Vous me verrez difficilement dans une manif’, et vous ne m’entendrez pas râler contre le capital ou contre le patriarcat. Plutôt que militer pour une idée, je la vis.
Ce changement est dû à une découverte:
On ne peut pas être vivant et militant au même temps.
- Une personne vivante est heureuse ici et maintenant. Toute son énergie est investie dans le bonheur: bonheur pour soi-même, bonheur pour les autres, bonheur pour l’ensemble de la planète…
- Une personne militante est malheureuse ici et maintenant, pour être heureuse dans le futur. Toute son énergie est investie dans la lutte, et le bonheur est juste une distraction, capable potentiellement de mener à l’échec le combat du militant.
Donc, une personne vivante sera heureuse avec peu: une journée de soleil, une balade en campagne, un café avec des proches…
(mon petit bonheur à moi inclut plein d’arbres)
Vice-versa, une personne militante aura besoin de beaucoup plus pour son bonheur: elle ne sera pas heureuse jusqu’à que le dernier de ses ennemis ne sera tombé.
Et maintenant, la parole est à vous! Voulez-vous être plutôt vivants, ou militants?
Tu fais donc une polarisation exclusive entre militant et heureux… cela dépend des définitions que tu choisis de ces deux termes.
Ethiquement je te pose cette question. Etre heurex maintenant, c’est très bien, mais tous ceux qui sont malheureux, parce qu’ils n’ont pas accès à l’eau potable par exemple ou pour d’autres raisons semblables, comment peuvent-ils être heureux maintenant? n’avons nous pas aucune obligation envers nos frères et soeurs humains?
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Je fais une polarisation, mais cette polarisation concerne uniquement l’attitude qu’on choisit d’avoir, pas les résultat qu’on obtient.
Donc, on peut très bien être heureux et accomplir plein de choses, et être un militant et n’obtenir aucun résultat.
Je vais développer le concept dans un des prochains billets.
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« On ne peut pas être vivant et militant au même temps. »
Cette phrase est fausse pour ceux dont la seule raison de vivre est de militer. Mais souvent, les gens qui militent ne sont pas directement touchés par le déterminisme qu’ils veulent renverser. Par ex. y a beaucoup de petits bourgeois ou de bourgeois qui peuvent militer contre le capitalisme, et en recevoir les tendresses le soir, après (les ex. de tendresses seraient trop nombreux, surtout si on va dans le détail).
Je crois qu’il faut choisir ses luttes, mais jamais cesser de lutter. Au fond, votre post, je crois, vous permet d’exprimer une incapacité à moduler les occupations de votre existence, à la proportion de votre vie. Avant, vous n’étiez que dans la lutte, et de la lutte vous en avez fait le tour, désormais, vous désirez faire le tour de ce que la lutte ne pouvait pas vous offrir, le bonheur. Je conçois qu’il est sans doute impossible d’être heureux et de lutter en même temps (à l’exception de ces rares qui luttent pour leurs très bonnes raisons personnelles), néanmoins, la proportion de votre vie, elle, vous sera enseignée à la faveur de votre exploration du bonheur (vous serez votre propre maître). Et quand vous connaîtrez votre proportion, peut-être arriverez-vous, assagi de cette connaissance, à moduler la façon dont vous voulez vivre votre existence – la journée de l’homme, à peine le battement de cil de la nature 🙂
Bien à vous.
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Les personnes dont la seule raison de vivre est de militer ne sont pas des êtres vivants. Ce sont des non-morts, qui vivent leur vie en attendant un événements futur qui, probablement, ne se réalisera jamais.
Et s’ils sont des anticapitalistes riches, ce sont des non-morts suicidaires qui, au lieu de profiter de leur richesse, se gâchent la vie avec des soucis qui ne les concernes pas.
Face à tout ce malheur, mieux vaut profiter de ce qu’on a: l’ombre d’un arbre un matin d’été, un chocolat chaud un soir d’hiver…
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Je crois que tout dépend des exemples que l’on a en tête afin de juger de la chose. Pour ma part, j’imagine très facilement que des gens puissent être contraint de militer, et ça ne les rends pas moins vivants que d’autres qui n’ont pas cette contrainte aussi lourde à le faire.
Je crois avoir réagis à votre post parce qu’il met en lumière – du moins pour moi – la dimension du choix dans le militantisme. Loin de moi l’idée que pour militer il faille n’être que contraint de le faire… Mais le caractère de nécessité – qui s’ensuit de toute contrainte réelle, si elle n’est pas trop forte et n’écrase l’individu – fait une différence fondamentale, sur la question. Certain.e.s tombent réellement dedans en étant juste ce qu’ils/elles sont ; ceux-là n’ont pas à « attendre » qu’on leur ouvre les yeux, que la prise de conscience vienne de l’autre qui les met au courant, s’ils ne prennent pas conscience, ils meurent à « petit feu ».
La dimension du choix est fondamentale, mais elle ne préfigure pas du type d’activité que poursuivra tel ou tel individu. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas eu le choix de lutter ou de ne pas lutter qu’on est, par là même, un « bon militant » ou même un militant, d’ailleurs ! Mais voilà, il y a cette espèce de « pédantisme » intellectuel que je trouve absolument dégueulasse chez les militants qui ont le choix, et qui décide de lutter alors même qu’ils sont tranquilles – quand toi-même tu te sens « appartenir » à une frange de la population qui n’a pas le choix, ça éclabousse, et tu te sens quelque part nié dans le restant d’humanité qui ne t’as pas été broyé ou arraché…
Content pour vous que vous ayez trouvé la paix 🙂
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Tout dépend pour quoi on milite:
– Si on vous annonce que votre entreprise va fermer et délocaliser dans le Naxchivan du Sud-Est, et que vous et vos collègues serez au chômage d’ici 2-3 mois, vous avez tout le droit de militer, faire grève et défendre vos places de travail (sauf si le conflit s’éternise: dans ce cas, mieux vaut commencer à chercher du travail ailleurs). Le projet militant est de courte durée, a un but bien défini et vise quelque chose qui vous concerne directement.
– Si vous n’avez pas de vrai problèmes et vous commencez à militer pour la fin du capitalisme et du patriarcat, ainsi que pour l’avent de l’Ère du Verseau, vous vous lancez dans un projet qui n’a pas de but et de durée définis, et qui risque de bouffer une grosse partie de votre existence.
Je ne suis pas contre le fait de militer ponctuellement pour une cause ou pour une autre. Je suis contre le militantisme à plein temps et à durée indéterminé, qui devient une raison de vie pour ceux qui le pratiquent.
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Ayant fait des études de philosophie, cette phrase me touche particulièrement « – Si vous n’avez pas de vrai problèmes et vous commencez à militer pour la fin du capitalisme et du patriarcat, ainsi que pour l’avent de l’Ère du Verseau, vous vous lancez dans un projet qui n’a pas de but et de durée définis, et qui risque de bouffer une grosse partie de votre existence. » (bon sauf pour l’Ere du Verseau). Une amie, militante parce qu’ayant vécu à la rue, n’arrêtait pas de se plaindre -à raison- des discours des intellectuels militants. Je vous rejoins entièrement sur la durée et le but définis (du moins partiellement). Je salut néanmoins, ceux qui sont militants pour des raisons qui sont différentes de celles auxquelles nous pensons (votre exemples sont parlant), et qui n’oublient pas qu’ils ont une place définie, à savoir pas celle qui est la plus inconfortable.
Bien à vous Marco. – julien
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