J’ai trouvé ce matin un énième article sur la situation des droits des femmes (j’utilise les femmes dans cet article, mais, je pourrai parler de n’importe quelle minorité). On fait le point sur l’état actuel des choses, on rappelle les projets de lois sur l’égalité qui sont discutés au parlement sans trop de conviction, on discute, on s’énerve, le tout sans vraiment offrir des pistes de discussions concrètes.
Et parmi les commentaires, il y avait une citation particulièrement intéressante.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. » Simone de Beauvoir.
Cette citation illustre bien la limite de l’approche basée sur les droits. Demander des droits, c’est mettre son destin dans les mains de quelqu’un d’autre, qui peut décider de nous donner, ou pas, le droit en question. Et souvent, sa décision concernant nos droits dépend plus de la situation financière de l’entreprise ou du pays en question que d’une question morale: une entreprise ou un pays en bonne santé concédera plus de droits à ses employés ou à ses citoyens, tandis que un pays ou une entreprise en détresse commencera a réduire ces mêmes droits (pour un exemple pratique de ce phénomène, allez voir ce qui se passe en Italie ou en Grèce).
À l’approche basé sur les droits, je préfère l’approche basé sur le devoir. Le devoir c’est pas sexy, ça rappelle les pires souvenirs de l’école, mais c’est beaucoup plus efficace.
Dans l’approche basé sur le devoir, on garde les mêmes objectifs que dans l’approche basée sur les droits (par exemple, le bonheur, l’égalité salariale, le partage équitable des tâches domestiques…). La principale différence est que dans une approche basée sur le devoir, le responsable ce n’est plus une tierce personne, mais c’est moi-même.
Donc, je n’ai plus le droit à l’égalité salariale, mais j’ai le devoir de l’égalité salariale. C’est à moi de ne pas céder aux pressions extérieures, de ne pas brader mes talents, et de demander que mon travail soit payé le juste prix. Ça sera à moi de ne pas accepter les travaux sous-payées, et de sélectionner les clients qui paient le mieux.
Je n’ai plus droit au partage équitable des tâches domestiques, j’ai le devoir de partager équitablement les tâches domestiques. C’est à moi de m’arrêter à temps avant d’avoir tout fait. C’est à moi de laisser la place aux autres dans la maison familiale, quitte à supporter que les autres fassent le travail différemment de comment je le ferais moi.
Et, comme ces devoirs sont des devoirs envers moi-même, je peux décider jusqu’à quel point je veux les appliquer. Je peux décider par exemple que l’égalité salariale ne m’intéresse pas, mais j’ai juste besoin d’avoir l’argent nécessaire pour vivre, ou que je suis trop perfectionniste pour accepter un partage équitable des tâches domestiques.
Dans tous les cas, c’est moi qui est responsable de mon bonheur, et personne ne pourra m’empêcher de trouver ce qui est bon pour moi.