Depuis un moment, je m’intéresse à l’autisme, la syndrome de Asperger et les autres soi-disant troubles de la personnalité qui s’y apparentent. Souvent, on considère les personnes autistes / Asperger comme des malades, ou au mieux comme des personnes ayant des problèmes de la personnalité, personnes qu’il faut soigner ou rééduquer pour qu’ils deviennent des bons citoyens, intégrés au système.

De mon côté, j’arrive à une théorie radicalement différente. 

L’idée est qu’ils peuvent exister deux types d’humains: ceux qui chassent tous seuls et ceux qui chassent en meute. 

Les humains qui chassent en meute ont une intelligence moins développée, mais compensent ce manque par une forte empathie. Les humains qui chassent tous seuls, au contraire, ont une intelligence supérieure, mais manquent d’esprit de groupe: c’est parmi eux qu’on trouve les plus de leaders, les plus de scientifiques, et le plus de psychopathes.

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L’archétipe des deux types d’humains, le chat (chasseur solitaire) et le chien (chasseur en meute).

Probablement les deux types d’humains ont évolué parallèlement dans deux niches écologiques différentes. Les chasseurs en groupe viviaient plutôt dans les plaines, où l’environnement physique était moins important, et la coordination entre les individus était fondamentale. Les chasseurs solitaires vivaient plutôt dans le montagnes, où la connaissance de l’environnement était très important et les individus étaient trop éparpillés pour intéragir efficacement les uns avec les autres.  

Puis à un certain moment, l’humain s’est civilisé, et les deux groupes ont quitté leurs environnement naturel pour venir vivre en ville, où la nourriture était plus abondante et la vie était plus facile.

Les chasseurs en groupe ont trouvé en ville leur environnement idéal, et ont utilisé leurs capacités sociales pour prospérer et se développer. Pour les chasseurs solitaires, vivre en ville était un compromis un peu moins favorable: bien sûr, la nourriture était plus abondante que dans les montagnes, mais la vie en ville nécessitait des capacités sociales qu’ils n’avaient pas forcement. Donc, leur présence en ville a été toujours très controversée: les chasseurs solitaires ont été appréciés pour leurs capacités (intélligence, talent artistique…) en dessus de la moyenne, mais au même temps, leur manque de capacités sociales les a mis dans toute sorte de situations difficiles. 

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L’exemple du chasseur solitaire: Caravaggio. Un talent artistique hors du commun, mais une difficulté énorme à s’intégrer dans la société romaine de l’époque: tout le long de sa vie, Caravaggio a eu des problèmes avec la justice, et il s’en est sorti uniquement grâce à son talent artistique hors du commun, qui lui a valu la protection de la cour papale.

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Saint Filippo Neri: une énorme richesse intérieure (bien représentée dans l’image ci-dessus), mais une vie aux marges de la société. Beaucoup de saints et savants ont mené une vie très simple et isolée.

Encore aujourd’hui, les chasseurs solitaires sont mal vus: pour les définir on parle de « troubles du spectre de l’autisme » et on définit leur état comme s’il était une maladie.

Au contraire, au lieu de vouloir soigner les chasseurs solitaires, on pourrait construire une société adaptée à leur besoins. Allons voir à quoi cette société pourrait ressembler.

  1. L’école.

Pour les chasseurs solitaires, l’école est un cauchemar. Passer 5 heures par jour dans une classe, avec 20 autres personnes qu’on n’aime pas forcement et avec un professeur qui passe son temps à répeter ce qui est déjà écrit dans les livres, c’est une chose qu’un chasseur solitaire ne souhaiterait à personne.

Et ce n’est pas pour une question de faineantise, ou manque d’envie de travailler: donnez des livres à un chasseur solitaire, et il les lira tout d’un coup. Il saura vous citer tout le texte par coeur, et pourra vous l’expliquer dans les moindres détails.

Pour les chasseurs solitaires, la solution idéale est l’école à la maison: on apprend dans un environnement familier, où on peut choisir ses rythmes et ses copains d’école, et l’apprentissage devient très facile. Faites étudier un chasseur solitaire à la maison, et il apprendra très vite!

2. Le travail.

Le travail, pour les chasseurs solitaires, est la même corvée que l’école. Ils doivent se lever tôt, se jeter dans les bouchons ou dans les métros bondés, passer 8 heures par jour en compagnie de gens qu’ils détestent (ou, au mieux, qu’ils trouvent parfairement inutiles), se jéter à nouveaux dans les bouchons ou dans les métros bondés, pour enfin revenir à la maison et profiter de quelques heures de relax. Le tout, 5 jours par semaine, jusqu’à l’âge de la retraite.

Pour eux, la bonne solution est de devenir indépendants, si possible dans un métier où on peut travailler depuis la maison. Ils peuvent donc travailler à leur rythme, dans un environnement confortable, de manière à donner le mieux d’eux mêmes.

3. La vie sentimentale.

Après 8 heures de travail passées à jongler entre clients, fournisseurs et collègues de bureau, les chasseurs solitaires rentrent à la maison, et se trouvent à partager leur temps libre avec leur conjoint, quand leur désir le plus profond serait plutôt celui de s’isoler et prendre un moment de tranquillité.

Pour une vie plus épanouie, les chasseurs solitaires peuvent choisir un type de relation différent, comme le couple à temps partiel, ou vivre dans une maison conçue pour garder en vie la passion amoureuse.