Les trains pour l’Auvergne partent de la gare de Paris-Bercy. Une gare petite, relativement excentrée, qui s’anime 2 fois par jour:
- le soir avant 22h, heure du départ du train de nuit Paris – Clermont-Ferrand
- le matin après 7h, heure d’arrivée du train de nuit Clermont-Ferrand – Paris.

À 18h, la gare commence à s’animer. Les premiers commerces ouvrent, et les premiers passagers commencent à arriver sous la marquise devant l’entrée. La gare est encore fermée.
Mathieu, Sophie et David arrivent vers 18h30. Avec les contrôles douaniers, et en connaissant l’imprévisibilité des policiers auvergnats, mieux vaut être bien à l’avance. Nos amis descendent du taxi, déchargent leurs valises (2 grosses valises et un sac à dos par personne, résultat d’une bonne semaine de tri sélectif acharné) et se posent dans le restaurant japonais qui fait office de bistrot de la gare. Ils dégustent un bon ramen fait maison en attendant l’ouverture de la gare.
À 19h, les douaniers français arrivent. Ils parquent leur camionnette dans le parking qui leur est réservé, rentrent dans la gare, et commencent à mettre en place tous les outils néceaaires au fonctionnement de la douane: scanner de passports, machine à rayon X, formulaires divers.
À 19h15, les douaniers auvergnats arrivent. Ils descendent des leur chevaux, accompagnent leurs chevaux dans les écuries de la gare, rentrent dans la gare à leur tour, et commencent aussi à mettre en place les différents outils.
« Aujourd’hui, c’est le tour des burners! » – remarque Sophie, qui a vu toute la scène par la fenêtre du restaurant.
« Attention » – chuchote David – « pas de sourire, pas de remarques, on fait comme si de rien n’était! »
Pour comprendre la remarque de David il faut visualiser les uniformes des Forces de Polices de la communauté Burner d’Auvergne. Leur combinaison comprend:
- Pour les hommes:
- chapeau cylindre
- moustaches et barbe dans toutes les combinaisons possibles
- chemise blanche, gilet et veste longue
- kilt écossais
- bottes militaires.
- Pour les femmes:
- beret basque
- corset
- jupe en dessus du genou, ou pantalons en cuir
- veste longue ou cape
- bottes militaires.
Un étranger qui n’ait pas l’habitude des coûtumes auvergnats pourrait prendre ces tenues pour des extravagances vestimentaires, comme celles qu’on voit d’habitude dans les conventions de cosplayers, et sous-estimer la force de ce corps de police. Pour les Burners d’Auvergne au contraire, l’extravagance vestimentaire est une marque d’autorité: face à un policier habillé de manière outrageuse, mieux vaut ne pas trop rigoler!


À 19h45, une queue commence à se former devant l’entrée de la gare, qui reste toujours fermée. Mathieu, Sophie et David règlent l’addition du restaurant, et rejoignent la queue, qui devient de plus en plus longue.
À 20h, un policier français vient ouvrir les portes de la gare. Une par une, les personnes dans la queue rentrent dans la gare, et sont reçus par les policiers pour les contrôles douaniers.
« Je compte sur vous! Attitude sérieuse, réponses courtes, aucune remarque sur la tenue des policiers, et respect absolu pour la République d’Auvergne! » – recommande David, avant de rentrer dans la salle où se tiennent les contrôles.
Le contrôle devant les officiers français est court et indolore.
« Passeport s.v.p! »
« Le voici/le voici/le voici »
« Prénom et nom? »
« Mathieu Charpentier/Sophie Ménard/David Wasserman ».
« Nationalité? »
« Française/française/française ».
« C’est tout bon! Bon voyage et à bientôt! »
Le contrôle devant les officiers auvergnats a un ton tout à fait différent.
« Passeport et visas s.v.p! »
« Les voici/les voici/les voici »
« Prénom et nom? »
« Mathieu Charpentier/Sophie Ménard/David Wasserman ».
« Nationalité? »
« Française/française/française ».
« Destination? »
« Neussargues/Neussargues/Neussargues, dans le Kibboutz Kfar Parsianim »
« Religion? »
« Juive/juive/juive »
« But du voyage? »
« Travail/travail/travail, et intégration dans la vie du kibboutz »
« Avez-vous déjà été à un Burning Man, ou c’est votre première fois?
« Non/Non/Non. Mais nous sommes allés à Nowhere en 2020, et nous avons été trois fois à des decompression parties! »
« Vous transportez des armes, de la drogue, des paillettes ou des MOOP? »
« Non/non/non! »
« Vous avez de la famille en Auvergne? »
« Oui, David/Oui, David/Oui, moi. Mon oncle est Uriel Wasserman »
« Êtes-vous prêt à jurer fidélité à la République d’Auvergne, et à ses quatre communautés Juive, Musulmane, Orthodoxe et Burner? »
« Oui/oui/oui! »
« Êtes-vous conscients que un acte malveillant contre une seule des communautés qui composent la République d’Auvergne sera considéré comme un acte malveillant contre la République d’Auvergne toute entière, et en conséquence cela pourrait entrainer votre expulsion définitive de la République d’Auvergne? »
« Oui/oui/oui! »
« Vous vous engages solennement, de maintenant et pour toujours, à contribuer au progrès et au rayonnement de la République d’Auvergne et de ses Quatre Communautés, Juive, Musulmane, Orthodoxe et Burner? »
« Oui/oui/oui! »
Pendant quelques minutes, silence. L’officier regarde les passaports et les visas. Plusieurs fois. Il appelle aussi un de ses collègues, et les deux commencent a feuilleter les passeports, et à discuter en Auvernhat. Puis, les deux officiers se lèvent, et
« Monsieur/Madame/Monsieur, Bienvenus en Auvergne! « Welcome home, faisons un hug! »
Prendre dans le bras un policier n’est pas quelque chose de très usuel, surtout quand il a le puivoir de t’expulser de son pays, mais Mathieu, Sophie et David restent fidèles à leur intentions de ne pas se poser des questions et font un hug à 5 avec les deux policiers.
Après des interminables minutes, les policiers lachent l’etreinte, et nos amis rentrent enfin dans la gare. Ils sont désormais en territoire auvergnat.
Il est 21h30. Encore 30 minutes, et ils partiront en direction de Clermont-Ferrand.