Normalement, les belles idées viennent pendant une soirée bien arrosée. Celle-ci est venue pendant un petit-déjeuner bien copieux.

Pendant ce petit-déjeuner, on discutait de stratégies pour sauver la planète, et on remarquait qu’il y avait des schémas qui se répétaient.

En particulier, il y avait un schéma qui revenait presque toujours, et qui à chaque fois permet de prévoir avec beaucoup de précision si un projet est destiné au succès ou à l’échec.

Le schéma est celui-ci:kill-your-idols

A gauche dans le schéma, il y a la vie ordinaire. On peut l’appeler « le Système », « la Prison », Métro-Boulot-Dodo », « le Capitalisme », ou lui donner plein d’autres noms. En tous cas, ses caractéristiques sont toujours les mêmes: un style de vie qui n’est pas du tout satisfaisant, mais qu’on a de la peine à quitter parce qu’on aime bien garder un salaire constant à la fin du mois, un bonus à la fin de l’année et une voiture de fonction payée par l’employeur.

En haut à droite, il y a les Dieux. Les dieux sont beaux et variés. Voici quelques exemples:

  • Yoga
  • Développement personnel
  • Écologie
  • Anarchisme
  • Féminisme
  • Véganisme
  • Communauté
  • Écovillages
  • Révolution
  • Complétion des travaux du métro de Rome
  • Startup à succès
  • Éveil quantique

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(l’éveil quantique, dans toute sa splendeur – source image)

Les différents dieux ont des caractéristiques communes:

  • Ils proposent un modèle parfait, qui permettra de dépasser les souffrances de la vie ordinaire.
  • Le modèle parfait se trouve toujours dans un futur proche.
  • Pour la réalisation du modèle parfait et son implantation durable dans la vie de tous les jours, il faut un effort commun de toute l’humanité. Il suffit d’une seule personne qui ne se joigne pas à l’effort pour rendre inutile tout le travail.

1024px-la_nouvelle_jc3a9rusalem(l’archétype de tous les mondes idéaux: la nouvelle Jérusalem – source image)

Comme est prévisible, l’implantation du monde idéal dans la vie de tous les jours n’arrive jamais: l’unanimité autour d’une cause ne se crée pas, le monde parfait tarde à arriver, parfois il y a besoin de compétences pointues qui les fidèles des Dieux n’ont pas ou qu’ils ne veulent pas acquérir (notamment tout ce qui concerne la vente et le marketing) et au final les gens restent accrochés aux petits bonus de la vie ordinaire.

Et, comme seul résultat, on obtient une masse d’ex-fidèles qui cherchent le coupable de leur défaite: les gens qui mangent de la viande, les hommes qui font pipi debout, le capitalisme, la lobby du pétrole, la délégation de la Severnaya du Sud qui n’est pas venue à la COP21  et a fait échouer les négociations…

Pour sortir de ce parcours, inévitablement destiné à l’échec, on simplifie, on salit ses rêves, on se met au travail. On arrive comme ça à l’entrepreneuriat facile (aujourd’hui, je parlerais plutôt d’efficacité ou de bonheur), en bas à droite dans le schéma.

Dans cette phase, on reprend la liste du point précédent, on élimine les prétentions de perfection est unanimité, et on se met au travail:

  • Au lieu de promouvoir l’architecture écologique, on construit écologique: on trouve un terrain, on négocie un prêt avec la banque, on achète les matériaux et on y va.
  • Au lieu de promouvoir l’égalité salariale, on négocie son salaire. Et on n’accepte pas les offres trop basses.
  • Au lieu de rêver d’un écovillage auto-suffisant, on trouve un jardin quelconque et on essaie de faire pousser des légumes en permaculture.
  • Au lieu d’embêter et culpabiliser les mangeurs de viande, on cuisine des beaux plats végétariens.
  • Au lieu d’attendre le complétement du métro de Rome, on part vivre là où il y a déjà un arrêt du métro.
  • Au lieu de chercher des financements pour une startup peu rentable, on monte un business rentable.

Cela, ce n’est pas beau, n’améliore pas le monde, ne nous rend pas des personnes meilleures. Mais ça fonctionne.